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Comment, ici, pourrais-je refuser à une dame… surtout quand celle qui demande porte le manteau d’une Muse ?… Vraiment, je ne vois d’autre salut que de prendre pour loi votre désir et d’essayer de faire honneur à vos vers. Pour m’inspirer un départ je regarde votre Gerbe, je suis un visuel, et en feuilletant, en faisant défiler la procession des titres, je trouve à l’ensemble de vos poèmes la physionomie du Pays natal. Il se dégage de ces vers nouveaux un parfum domi-. nant, celui du terroir ; non celui des alentours de la maison canadienne, des lieux immédiats de notre vision domestique, dont le retour un peu fréquent dans notre ferveur régionaliste nous menace, peut-être de monotonie, de conventionnel, ce chiendent de tous les arts, mais le parfum moins familier et que l’on semble oublier, celui de la grande Nature, cette Nature qui garde encore orgueilleusement, chez-nous plus qu’ailleurs, de grands morceaux de son royaume primitif : Nature où comme vous le dites, Il n’est plus de chemin… Qui semble ignorer l’homme et son ambition. Celle dont la fierté virginale protège comme un joyau solitaire La superbe nappe d’eau bleue, Cachée au sein de la forêt. Vous semblez à l’aise pour peindre ici, là, avec cette fraîcheur, les traits vierges du Canada. Vous avez vu nos magnifi25 et vous

ques Rocheuses, et nous donnez une silhouette de ces géants de pierre dont l’homme n’a pas craint le terrifiant silence, cet enveloppement de mystère qui depuis la nuit des temps les pro- 1’0