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laquelle ?

l’ombre d’un grand arbre, tout au bout du jardin.

Yolande lisait à haute voix l’incomparable roman de Lamartine « Graziella, » tandis que sa sœur travaillait à une dentelle merveilleuse de finesse et de beauté.

Elle en était à ce passage où la fille du pêcheur, ivre d’amour devant l’aimé qui l’a retrouvée dans la grotte, où elle était allée cacher son désespoir, s’écrie : « Je ne sais pas si tu m’aimes ; je ne t’ai jamais demandé de m’aimer… mais moi, je t’aime… »

Elle avait prononcé ces paroles d’une voix chaude et vibrante.

Le jeune homme, que la liseuse n’avait pas aperçu, les cueillit au volet, se découvrant, lui dit en la saluant d’un air rieur :

— À qui donc, Cousine, adressez-vous cet aveu brûlant, capable de faire perdre la tête au plus sage des hommes ? »

— « Mais, répondit-elle rougissante et intimidée, je… je… lisais Graziella. »