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CONTES ET NOUVELLES

à marchander, il faut que j’entre. Aidez-moi, monsieur Brunelle. »

Ils réunirent leurs forces ; la porte craqua. D’un nouvel effort, ils l’entrebâillèrent et le jeune Roussin, son bonnet de fourrure enfoncé jusqu’aux yeux, serré dans son capot de chat sauvage et la barbe blanche de givre, se glissa avec peine dans l’ouverture ; son compagnon, plus mince, passa facilement, tenant son fanal élevé au bout de son bras tendu.

Et le fanal de Brunelle éclaira une scène étrange : le vieux Roussin, la face congestionnée, les yeux sortant de leurs orbites, brandissait sous le nez de son fils la grande croix de tempérance en criant d’une voix haletante : « Va-t-en, satan, va-t’en, satan. »

Le pauvre Théodore, interdit, voulait s’avancer vers son père, mais le bonhomme criait, en le repoussant : « Apporte l’eau bénite, Célanire, apporte l’eau bénite. » Et il se mit à frapper