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contes et nouvelles

Je sursautai à l’idée de ce sacrilège : « Garde-toi bien d’enlever ce marbre, il ne t’appartient pas. »

Mais lui, tenace et trahissant d’un mot le fond de son âme et le jugement précoce qu’il portait sur l’humanité, me répondit : « C’est aussi bien que je la prenne que de la laisser prendre par un autre, puisqu’elle n’est à personne, cette pierre-là. »

— « Tu te trompes, » lui dis-je, « elle appartient à la petite morte qui est là, sous la terre. »

Mais l’affreux garnement riposta, cynique : « Peut-être bien que c’est à elle, mais elle ne pourra toujours pas venir la reprendre, si je l’emporte. »

Voulant à tout prix l’empêcher de commettre cette mauvaise action, je tentai d’émouvoir son cœur en frappant son imagination : « Tu n’en sais rien, répondis-je, les morts se vengent, parfois. N’aurais-tu pas quelque scrupule à