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Il peut imiter la cadence
De la chouette au cri sépulcral,
Du goéland qui se balance
En cueillant son repas frugal ;
Il sait la plainte langoureuse
Du héron, couleur de roseau,
À l’allure morne et peureuse.
Pêchant, discret, au bord de l’eau.
Du grand bois, de ceux qui l’habitent,
Il a pris plus d’une leçon :
Des branches au vent qui s’agitent
Son oreille connaît le son ;
Du ruisseau qui tout bas murmure
Il imite le clapotis…
Les bruits divers de la nature
Ses lèvres les ont tous appris.
Bientôt, ses yeux, dans les ténèbres,
Ont su trouver ce qu’il voulait…
Et vers les siens, juges funèbres,
Zicahota s’en revenait.
Après la longue randonnée,
Dont il a caché le trajet,
À toute la foule étonnée
Il divulgue un hardi projet.
La curiosité s’avive.
Et lorsqu’au ciel pâlit le jour,
Tout le village est sur la rive.
Zicahota vient à son tour.