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KAHITA

monde, dans les postes militaires, par ces temps agités. Et constatant le dévouement de la jeune Indienne, le Major du fort George avait conseillé qu’on la laissât prendre soin du blessé. Cela libérait d’autres mains pour d’autres tâches. Vers le soir de ce premier jour, le malade dit à Kahita : « Comment pourrais-je te payer jamais le service que tu m’as rendu ? Je ne suis pas riche, et tout ce que je possède ne serait pas assez pour reconnaître ton dévouement. Dis ce que tu veux, s’il est en mon pouvoir, je te le donnerai. »

La Sauvagesse se redressa, et avec une expression de fierté qu’il n’avait jamais vue dans ses yeux, elle répondit : « Je n’ai point sauvé la vie de mon frère pâle pour la lui revendre. Ta vie t’appartient, ajouta-t-elle avec exaltation, ta vie t’appartient, donne-la à celle qui aura ton cœur. Celle qui aura ton cœur, répéta-t-elle rêveuse, mais à celle-la seulement. »

Et ses yeux fiévreux épiaient ceux du jeune homme.