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CONTES ET NOUVELLES

Lovack se ranima, enfin, et rouvrit les yeux. Mais son regard était comme chargé d’épouvante ; l’horreur du spectacle auquel il avait assisté semblait s’être fixée au fond de ses prunelles. Il tournait lentement la tête de tous côtés, avec une expression d’hébétement et de méfiance, qui fit mal au cœur de la malheureuse Kahita.

La petite Indienne se pencha vers lui, et mettant sa joue près de la sienne, elle lui souffla dans l’oreille : « Ne crains rien, tu es en sûreté, je ne te quitterai pas, je te conduirai vers tes amis, au fort George ou plus loin encore. Où tu devras aller, j’irai. »

Incapable de parler, le jeune homme pressa la main brune qui tenait la sienne, et la retint dans un geste de confiance enfantine.

L’homme, dans les plus grandes circonstances de sa vie, garde quelque chose de la naïveté du jeune âge. Et celui-ci dans sa détresse, éprouvait un puissant