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CŒUR DE ROSE ET FLEUR DE SANG


VII


Le petit village américain n’avait guère fait de progrès depuis quatorze ans : il y avait toujours dans l’unique rue de Dover, les mêmes maisonnettes, puis, de l’autre côté du ruisseau, le moulin du meunier et, en deçà, l’église et la maison du pasteur.

Il est superflu de dire que Mme Asborn avait compté les heures, depuis le départ de son mari. Elle avait calculé que c’était ce jour-là qu’il devait revenir avec son fils et sa fille. Dans la maison, il y avait partout des fleurs. La mère heureuse avait préparé la table, et son cœur avait battu délicieusement en posant le couvert. Son fils serait là, à côté de son père et sa fille ici, auprès d’elle… Elle plaçait et déplaçait les assiettes, chantant, riant, s’arrêtant pour juger de l’effet des divers arrangements.

Comme cela serait bon d’entendre leurs voix retentir dans la maison, après tant