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CONTES ET NOUVELLES

Et le brave homme, découragé, ne sut que répondre : « Qu’il en soit fait selon votre désir. »

Il s’en retourna, accompagné jusqu’aux limites du village par son fils, qui s’efforçait de le consoler en lui répétant qu’il n’avait rien à craindre, que les Sauvages le considéraient comme l’un des leurs, et qu’il ne devait rien redouter d’eux en attendant que ses parents fussent en moyens de racheter sa liberté.

Mais le pauvre père ne souffrait pas seulement de sa cruelle déconvenue et du sacrifice inutile des économies amassées depuis si longtemps en s’imposant les plus dures privations, il songeait à la mère aimante qui attendait, le cœur en fête, la venue de ses enfants, et qui mourrait, peut-être de son désappointement.

Le retour à Dover ne fut plus qu’un douloureux pèlerinage. À mesure qu’il approchait du terme de son voyage, le malheureux père sentait plus lourd le poids qu’il semblait avoir sur les épaules.