Page:Montreuil - Cœur de Rose et Fleur de Sang, 1926.pdf/105

Cette page a été validée par deux contributeurs.
111
LES CADEAUX DE NOËL

d’arrêt avant une rapide chevauchée.

Soudain, l’air apporta un ronflement assourdi, les rameaux frissonnèrent, en s’inclinant tous du même côté, comme pour saluer au prélude d’une danse ; un tourbillon passa, refoulant une vague ouateuse et scintillante sur la blancheur immaculée. La forêt s’éveillait ; elle repoussait sa couverture et sortait de sa couche. La bise claironna dans les branches agitées de toutes parts. En un instant, l’épouvantable saturnale avait succédé à la tranquillité grandiose. Pour ne plus voir, la lune s’enveloppa d’un épais voile gris.

À ce moment, deux hommes débouchèrent au tournant d’une clairière. Ils portaient le pittoresque costume des coureurs de bois. Leurs raquettes marquaient sur la neige un motif de broderie, que la rafale aussitôt effaçait, et dans l’atmosphère embuée leurs silhouettes imprécises et mouvantes avaient une allure fantastique.