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CONTES ET NOUVELLES

caractère soupçonneux. Et je les sais capable de venger sur tous la trahison d’un seul.

La fête de Noël, avec la complicité du vin français, m’a fourni l’occasion que je guettais depuis longtemps.

On avait fait des provisions, afin de célébrer dignement cette fête au fort d’Oswégo, où les distractions ne sont pas communes. Mais ces gens assoiffés n’ont pas su résister à la physionomie engageante d’un plein baril de vin. Ils ont voulu anticiper. Et je ne vous cache point que je me suis employé à aiguiser la tentation, en vantant l’arôme et en exaltant les qualités de la divine liqueur. Hier soir, le vin coula si abondamment dans ces gosiers profanes, qu’après quelques heures, tous les buveurs étaient endormis ; il ne restait pas un homme éveillé pour donner l’alarme. C’était ce que j’attendais. Maintenant, je ne crains plus d’être repris. »

À son arrivée dans la bourgade des