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ACADÉMICIEN

méré mes fonctions — comme si elles pouvaient justifier l’appel de la Compagnie — consacrait à mes œuvres. Elles n’étaient pas lourdes : deux volumes et quelques brochures. Somme toute, des propos dispersés où M. Carton de Wiart s’attardait à reconnaître la préoccupation de notre pays canadien, de son histoire, de ses ressources, de ses institutions. « Au gré de mon humeur ou de l’actualité », je me serais révélé sociologue, moraliste, juriste, critique… et même poète ! C’était un terrain glissant : il est souvent mal vu qu’un auteur se partage ainsi. On préfère les compartiments bien marqués où se confinent les esprits spécialisés. M. Carton de Wiart se montrait trop aimable à mon égard.

La suite du discours s’orientait vers le Canada français dont « l’histoire, avais-je dit quelque part, n’est qu’une longue obstination à nos origines ». Sur ce thème, l’orateur déroulait notre destinée : les difficultés et les menaces de la période coloniale ; l’expansion des nôtres en Amérique ; notre attachement à la civilisation française et à notre langue, nos tentatives vers une littérature canadienne. Il mentionnait des auteurs, de Crémazie à René Chopin. Il vantait, à propos de ce dernier dont il cita quelques vers, la vivacité de nos hivers. Il acceptait la formule de notre traditionalisme qui se gare des excès parfois asséchants d’un régionalisme outré. « Qu’un peuple cultive ses souvenirs propres, c’est son devoir, c’est sa force, c’est sa richesse, à condition qu’il en apporte les fruits au trésor commun de l’humanité. » Il admirait que notre fidélité à notre langue ne nous eût pas détournés des destins d’un Canada auquel elle apporte l’enrichissement d’une culture.

Bien des traits rapprochent notre Belgique de