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SOUVENIRS

ment elle s’est maintenue loin de ses origines, en luttant pour durer.

Ma réception fut fixée au 15 mai 1924. Je passai les loisirs de mon hiver à rédiger mon discours et, le moment venu ; je partis pour Bruxelles.

***

Nous entrons en Belgique par Mons. Parmi mes bagages se trouve un colis de forme étrange qui intrigue la douane. J’explique qu’il contient un tronc d’arbre rongé par un castor que mon collègue Adolphe Dollo envoie à son père, l’éminent naturaliste belge. « On ne pourrait pas le voir ? » demanda le préposé. Un sandwich dans la bouche, je m’exécute sous les regards amusés des voyageurs. Dieu ! combien ce morceau de nos bois, que la tête desséchée d’un castor accompagnait, parut livide sous le soleil européen. Le douanier veut bien trouver cela intéressant. D’ailleurs, il connaît M. Dollo que tous admirent en Belgique. On m’aide à boucler, et je rejoins mon compartiment sous le déclic inquiétant d’un appareil photographique.

La région que je traverse est hérissée de terrils, pyramides de déchets de charbon qui parsèment la Belgique minière : mais bientôt l’aspect jardin se précise et accentue le pays autour de Bruxelles, où je descends, à la fois heureux et préoccupé.

M. Godefroy Langlois m’attendait à la gare. Fort amical, il me prévient contre certaines désillusions. La salle où ont lieu les séances solennelles de l’Académie est très grande et il ne faut pas compter sur un auditoire considérable. Les réceptions ne sont pas courues comme à Paris. Le monde des affaires, par exemple, y est indifférent.

Le secrétaire de l’Académie, Gustave Van-