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MINISTRE PLÉNIPOTENTIAIRE

hollandais par un prêtre au teint brun, à la voix ardente. Je ne comprends rien mais j’y prends plaisir car j’ai l’impression de goûter à l’éloquence pure.

Puis, c’est la quête. Des hommes se lèvent : un, deux, trois, quatre. Ils s’avancent vers nous, silencieux. L’un d’eux porte une assiette d’argent : c’est la quête traditionnelle, celle que nous connaissons, Les autres, gantés de noir, portent une longue canne au bout de laquelle pend une sorte d épuisette de velours fermée par une plaque de cuivre coupée d’une ouverture. Au bas de l’épuisette s’agite une clochette. Trois clochettes sonnent donc ici et là dans l’église. Les trois quêteurs passent successivement. Le dernier, un blond au profil dur, a l’art de manier son bâton entre les rangs des fidèles. Il en joue comme d’une queue de billard et la fait glisser entre le pouce et l’index. Il arrête avec netteté l’épuisette sous le nez de chacun, la clochette réclamant l’aumône. La quête a l’air d’une chasse aux papillons.

Après un déjeuner honnête mais qui n’a rien des splendeurs que m’avaient laissé entrevoir des amis canadiens, familiers de la table hollandaise, nous visitons le musée. C’est toute la peinture hollandaise : Rembrandt, Potter. De Hook. Steen ; c’est aussi la peinture flamande et j’admire en particulier des Van Dyck, des Rubens et quelques Teniers. J’aurais voulu m’arrêter à ces merveilles mais l’heure du train nous appelle. Je projette de reprendre ma visite mais il était écrit que mon séjour en Hollande serait tronqué.

Un câble de M. King m’attendait à La Haye. Ma mission était terminée et je me hâtai vers Paris où je devais participer, avant de m’embar-