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SOUVENIRS

été pour moi une sorte d’apprentissage et je me sentais déjà beaucoup plus à l’aise.

Une conférence préliminaire siégea d’abord. Elle avait pour objet de former une Commission et d’établir comment cette commission procéderait.

La séance d’ouverture eut lieu au Palais de la Paix, le 15 juin 1922, sous la présidence de M. Van Karnebeek, ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, timide au point de paraître quelque peu froid, d’une remarquable tenue et parlant un fort joli français. Le français et l’anglais sont les langues officielles de la Conférence.

La grande salle que nous occupons est harmonieuse et de bon goût. Les murs sont de pierre blanche et recouvert jusqu’à mi-hauteur d’un bois léger. Six lustres, cristal et or, descendent avec ampleur du plafond cintré. Des mosaïques discrètes courent sur des arceaux et prolongent des caissons. Les fauteuils sont de bois et de cuir. Tout est blond, comme la Hollande.

On ne prévoyait pas de complications diplomatiques : il s’agissait d’une conférence d’experts, et tous les délégués paraissaient d’accord sur la procédure à suivre. Ils ne semblaient pas entretenir beaucoup d’espoir. « Je ne sais rien, me dit l’un d’eux, je suis venu en astronome ».

Le lendemain, la Conférence préliminaire détermina la composition de la Commission non russe et des trois sous-commissions qui se partageaient l’étude du problème des dettes, de la propriété privée et des crédits. Les Dominions décidèrent de ne faire partie ni de la Commission ni des trois sous-commissions, seuls des intérêts européens étant en jeu. De plus, les conclusions qui auraient la forme de recommandations n’obligeraient pas les