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MINISTRE PLÉNIPOTENTIAIRE

Durant ces quelques semaines de répit, nous rencontrons nos amis français et canadiens qui nous accueillent chaleureusement. Un de mes bons souvenirs est un dîner chez Jacques Bardoux, dans l’intimité de cette maison qui me plaît tant. J’assiste à quelques repas d’un caractère plus solennel.

Un déjeuner de la section canadienne de la Chambre de Commerce britannique, me ramène à ma vieille rue Serpente, au restaurant « des sociétés savantes ». Je revis dans ce décor familier d’heureux souvenirs de ma vie d’étudiant, déjà lointaine. Mais il ne s’agit pas de cela. Dans une allocution brève, j’esquisse le rôle économique de la Section en me rappelant les leçons de mon passage chez l’attaché commercial du Canada, alors que j’appliquais un zèle ingénu aux relations d’affaires entre notre pays et la France. Je termine par un couplet sur notre loyauté à la Couronne et notre fidélité française, amorce d’une thèse que je développerai plus tard sur les richesses d’une double culture.

L’honorable M. Roy a organisé au Cercle interallié un déjeuner où les invités d’honneur sont l’honorable M. Pérodeau et moi-même. Parmi beaucoup de personnalités se détachent le Maréchal Foch, avec qui je suis heureux d’avoir cette occasion unique de causer, et M. Louis Barthou dont je retrouve toujours la chaude sympathie. Il me remercie de l’amitié que je lui ai témoignée à Gênes, alors qu’il était débordé de préoccupations. Comment aurais-je agi autrement ? Il est pressé malheureusement, une séance de la chambre le réclamant : mais des quelques instants qu’il nous donne, je garde un vif souvenir. Je constate une fois de plus quel artiste et quel prestidigitateur il est. Il se plaît à lancer en l’air des mots qu’il rat-