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MINISTRE PLÉNIPOTENTIAIRE

Felici, n’avait pas encore, lorsque j’étais passé à Rome, de cliché du nouveau pape en soutane blanche. Il avait ajusté sa tête, non pas au corps de Benoît XV, vraiment trop grêle, mais à celui de Pie X, un peu trop corpulent, celui-là, pour qu’on s’y trompe.

Nous n’avons que peu d’heures à consacrer à la visite de Rome. N’importe. Pour me constituer cicerone et en faire apprécier à ma femme les multiples splendeurs, je mets mes pas dans les pas du chanoine Chartier. Je revois ce que j’ai vu il y a un an à peine : je fais quelques nouvelles découvertes et, la connaissant mieux, la Ville éternelle grandit dans mon admiration.

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Les discussions reprennent avec la Russie. Les Soviets exigeaient des crédits consentis par les États. Les États s’y refusaient mais étaient en faveur de crédits privés qui pourraient être librement accordés.

Cela posait les troublants problèmes de la reconnaissance des dettes, de la restauration de la propriété, et des garanties, conduisant tout droit aux fondements mêmes de la philosophie soviétique qui ne voulait rien céder de ses prétentions. On renvoya à un Comité d’experts qui siégerait à La Haye l’étude de ces problèmes.

Les questions économiques et financières et la question des transports avaient reçu des solutions satisfaisantes, en partie fondées sur des accords antérieurs. Mais la paix elle-même, la paix de l’Europe et du monde, dont on était venu chercher le secret dans les murs de Gênes, on n’avait guère réussi à l’assurer même si, comme on l’a dit, c’était déjà quelque chose d’avoir obtenu la bonne