Page:Montpetit - Souvenirs tome III, 1955.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
DÉLÉGUÉ UNIVERSITAIRE

propos de certaines lourdeurs ou d’un défaut de perspective, admettent la puissance de l’ensemble, la fascination du détail.

Et puis, c’est Saint-Pierre de Rome : le cœur de la chrétienté. On emplit ce vide immense de la splendeur des cérémonies : le Pape porté au-dessus des fidèles, tiare en tête, main levée pour bénir. D’une fenêtre de la façade, le Pontife encore, acclamé par la foule soulevée sur la place. Et — j’y reviens — autour du souvenir et de la présence du premier apôtre, ce décor où la matière sous toutes ses clartés, sous toutes ses puretés, exalte grâce au génie de l’art, les séculaires vérités de la foi.

Bien des traits se sont estompés depuis ce premier séjour. Je regarde une photographie aérienne et je ne m’y retrouve guère. D’ailleurs, que gagnerais-je à reconstituer sur un Baedecker une figure brisée ? Rome antique, Rome chrétienne, Rome contemporaine, elles sont là, toutes trois, dans le témoignage de l’art. Que de richesses et que de souvenirs le temps nous distribue, des ruines glabres aux luminosités des marbres.

***

Nous remontons vers la France, où nous passerons quelques jours, le temps d’y remplir une deuxième mission, dictée par l’amitié.

Dans la promesse d’un jour radieux, Paris jaillit lentement d’une brume dorée. Le travail s’éveille. Les pavés encore humides et la sciure que l’on renouvelle au seuil des boutiques, dégagent des odeurs familières au passant et qui nous saisissent ce matin-là : une grève des taxis et des autobus nous contraint de gagner à pied la place Sainte-Geneviève et l’église Saint-Étienne-du-