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SOUVENIRS

et levant les yeux sur ceux de Sa Sainteté, il lui dit : « Très Saint Père, daignez voir dans ce geste le symbole de l’esprit universitaire à Montréal : esprit d’union étroite entre le clergé et les laïcs. » Et Benoît XV, tout en les bénissant, répondit : « C’est très bien, cette alliance, monsieur le secrétaire, assurez tous vos collègues que le Pape la bénit de tout cœur. Puisse-t-elle se maintenir, se resserrer encore et porter des fruits toujours plus abondants ! »

Pendant que parle le Chanoine j’ai tout le temps d’observer le Pape. L’air bon et condescendant, il rit volontiers, finement. Ses yeux sont fixés sur le monde entier. Il s’intéresse, approuve, bénit. Sa soutane est blanche et les manchettes sont de soie moirée. De même tissu, la ceinture enrichie d’or. Sur sa poitrine, la chaîne lourde et souple et une grande croix d’or. À son doigt, l’anneau symbolique.

Le Chanoine demande une signature pour moi. La carte d’audience porte qu’il n’est pas permis d’apporter au Pape des lettres ou des photos à signer.

— Cette défense, Très Saint Père, s’étend-elle à tous ?

— Oui, pendant les audiences… Mais pour une seule gravure… Vous l’avez ?

— Oui, répond le Chanoine, qui entr’ouvre sa soutane pendant que le Pape sourit.

J’explique que, secrétaire de France-Amérique, je me suis occupé des œuvres de secours et que j’ai choisi le monument de la Paix, ordonné par Benoît XV. Le Pape regarde ma gravure et dit : « Tiens, c’est nouveau, je n’avais jamais vu ça »… Il signe et date, pendant que nous le regardons, silencieux. Après avoir étanché l’encre, il revient