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PRÉSENCES

tique aussi, énergique et créatrice. La vivre, c’est grandir. Ne l’oublie pas.

La civilisation passe de l’école dans l’expression de notre être. Nos mœurs, nos attitudes, nos travaux, la réfléchissent. Elle est faite de liberté, plus que d’autres qui se réclament de la liberté. Pétrie de la religion du Juste, qui illumine les plus beaux siècles de son histoire, elle cherche la modération, l’ordre et l’égalité.

Elle se traduit par les créations de l’esprit jaillissant de nos penseurs, de nos savants, de nos écrivains, de nos artistes. Rien de parfait, nous n’avons pas pris l’engagement d’un chef-d’œuvre, mais quelque chose de sérieux, d’honnête et, c’est là que l’on aboutit sans cesse, de comparable.

Elle est encore, cette civilisation que nous portons en nous, un signe de la diversité qui préserve notre pays des tentations du milieu. L’unité vraie et solide du Canada n’est possible que dans l’épanouissement des dissemblances. Une seule religion, une seule langue, c’est demain l’uniformité. Quelle richesse à tirer d’une collaboration où se rencontrent deux grandes civilisations ! Quel spectacle à donner que l’union de pareilles forces au service d’un pays jeune ! Quelle chance enfin pour ces deux intelligences de puiser l’une dans l’autre un complément ! Car c’est sans doute le bien suprême que nous apportons ; celui qui, pour nous et par nous, met à la disposition du monde canadien une pensée dont l’humanité a vécu.

Notre pays nourrit deux civilisations qui restent distinctes parce qu’elles s’appuient sur des traditions saines. Si ces civilisations ne se reconnaissent pas encore, du moins en aperçoit-on le désir chez quelques-uns de leurs tenants. Pour