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SOUVENIRS

Admire enfin nos ciels. Ils varient à l’infini. Ciels de printemps, encore glacés, où se condensent les vapeurs montant des neiges qui fondent : ciels d’été brûlés d’ardeur, ciels d’automne qui dégagent lentement leur pureté des brumes matinales : ciels d’hiver, les plus beaux, les plus vifs. Ciels qui font une impression curieuse sur les étrangers, surpris de découvrir leur vibration et leur azur intense dans ce pays du Nord.

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Fais suivre cette promenade de beaucoup d’autres. Observe le milieu où nous vivons, pénètre-toi de la présence des êtres et des choses, aiguise en toi par une pratique constante le sens des réalités de ton pays. Ainsi tu le connaîtras. Connaissant notre pays nous l’aimerons, nous le marquerons de notre empreinte, nous le poétiserons de notre travail, pour y trouver un élément de résistance, une amitié canadienne, qui nous préserve et qui retienne notre patrimoine.

La culture nous y aidera. Nous la garderons, nous en ferons une valeur pour la nation : la langue, en particulier, cran de notre résistance, et le goût, qui révèlent notre civilisation comme la végétation la vigueur de la terre. Même si nous n’avons pas encore porté nos efforts à leur sommet, l’édifice, bâti par nous, s’élève et dessine une silhouette où se reconnaît notre génie. L’œuvre est en bonne voie et, sur cette terre où s’empressent des hommes venus de toutes les parties du monde, elle se compare à celles que d’autres traditions animent. Elle a son mérite, issu de ses origines et de notre persévérance. Elle vaut par son essence française. Noble, généreuse, nuancée, elle est pra-