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PRÉSENCES

Je serais bien embarrassé de dire les qualités médicinales ou thérapeutiques des plantes. Je ne connais rien de cette pharmacologie. Elle existe et les simples ne sont pas une tradition vaine. Bedel en mentionne des quantités. Il y met de la complaisance, peut-être un léger étalage, presque de la gourmandise. Je suis réduit au silence.

Peut-être, en cherchant bien, t’indiquerais-je la fleur du tilleul, dont l’infusion est apaisante et la camomille qui facilite la digestion et dont on extrait une huile à friction. Ma science ne va guère au delà. J’avoue ma pauvreté. Je me mettrai peut-être en marche de ce côté ; j’ai fait de plus longs chemins. Des gens m’éclaireraient sur les propriétés du genêt, de la savoyane, de la salsepareille, du mélilot et du genièvre, de la gentiane, « apéritive et diurétique ».

***

Voici l’eau. Elle règne, elle déborde. Son mouvement, ses reflets, sa joie, sont partout.

Un ami français observait cette présence de l’eau, et la fluidité qu’elle donne à nos paysages. De légères gouttes, toutes petites, infimes, puisque nous ne les voyons pas, parsèment l’atmosphère et diffusent la lumière. Ce sont ces jours laiteux où l’haleine de la terre monte vers le soleil. Les choses en sont enveloppées. La montagne est imprécise, les arbres prennent des teintes effacées. L’eau glisse, en communion avec la terre.

Laisse-toi prendre au spectacle des eaux. Elles sont si abondantes, si variées ! Le choix est difficile. Veux-tu que je te dise comment je les ai regardées et quelle est la vision que j’en conserve ? N’y vois rien de prétentieux si je n’y ai apporté