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PRÉSENCES

observe les habitudes et entends le chant des oiseaux.

Tu les verras faire leur nid au printemps. Choisis un couple. Quelle course rapide vers les matériaux ténus : herbes souples et fines, duvet s’il s’en trouve, brindilles. Tu découvriras sûrement un nid abandonné. Regarde sous ton toit ou dans un arbre, à la rencontre de deux fortes branches, ou dans l’herbe tout simplement. Prends-le, ornes-en ta maison de campagne. Tiens, là sur la cheminée.

En te haussant par quelque moyen, tu atteindras jusqu’à la couvée. Vois le mâle courir à la pâtée et la femelle rester au nid, l’œil attentif. Un matin, trois oisillons seront éclos. Les drôles d’êtres, avec leur tête énorme, leur cou démesurément tendu, leur corps inhabile et court : et ces becs avides ouverts sur la vie : tu assisteras, si tu es patient, à l’envolée du petit, à la première leçon de vol. Regarde celui-ci : il semble tombé du nid, malgré ses ailes. Le voilà dans l’herbe, délicieusement novice. Il est sans doute moins fort, moins sûr que ses frères partis d’un trait, et sa mère le surveille. Elle le garde de près, elle le nourrit, lui apportant un morceau d’insecte ou de vermisseau cueilli là, devant toi, sur le parterre où elle va et vient.

Puis, c’est la vie. L’oiselet se reconnaît à sa ligne plus jeune. Bientôt, il y paraît moins, mais les parents sont plus dodus. Désormais, tu les verras chaque jour, eux ou d’autres. Ils te deviendront familiers, même si tu ne les distingues plus.

Écoute aussi le concert des oiseaux. J’avoue que les cris qui se répondent d’un arbre à l’autre n’offrent pas toujours un accord très harmonieux. Ce sont des appels brefs, sur une note, rarement sur trois. Un cri un peu prolongé étonne et retient.