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SOUVENIRS

duvet, quelle couleur ; et quel étonnement dans leurs yeux.

Le canard serait sale, paraît-il, au contraire du cochon, propre, si on lui en donne la chance : propos de ferme qui m’a fort étonné quand on me l’a tenu. J’aime voir sur la mare le cortège des canards aux cous recourbés. Ils ont un œil satisfait et d étonnants mouvements de queue. Leur langage est bref ; ils se comprennent et obéissent aux ordres comme une escadre. Le caneton est extrêmement drôle, le nez dans l’eau et les pattes en l’air. Il apprend son métier d’acrobate des marais.

Mais ce sont les oiseaux libres, les oiseaux des champs, des lacs, des montagnes et des bois que je voudrais te signaler.

Hélas ! je dois redire ici, confesser de nouveau mon péché d ignorance. Je te nommerai bien le merle et l’engoulevent, la triste et pouilleuse corneille, l’étourneau vorace et querelleur, noir comme un apprenti corbeau ou l’aide bordée de rouge, comme un larbin de grande maison ; le moineau gracieux et picorant, non pas étourdi — simple métaphore inventée par l’homme — mais qui me paraît, au contraire, rangé et bourgeois ; la linotte grêle et pourtant dodue, la fauvette, distinguée de silhouette et d’habit, le chardonneret rapide, l’oiseau-mouche hésitant. Nous n’avons pas de rossignol, et c’est bien dommage, mais l’hirondelle. l’alouette gentille — naturellement — et dans le monde des grands oiseaux, le hibou, le héron, l’outarde, l’épervier, l’aigle.

Tu apprendras, j’apprendrai les autres. Nous viderons la querelle de la grive, du merle et du rouge-gorge, à l’aide des experts. En attendant.