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PRÉSENCES

Mais sous cette action, dont la puissance et l’éclat sont enregistrés, ne vois-tu pas la poursuite vers la stabilité, patiemment conduite par les petits, les obscurs, les « sans grade » — le nombre qui fait l’histoire ? On ne les distingue pas le plus souvent, du moins au premier rang, au rang de choix, où se trouvent les plus cossus, mais aux postes de constance. Le rôle du peuple demeure en profondeur.

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Venu de France, notre ancêtre découvre, évangélise, cultive la terre. Il bondit vers tous les horizons pour les connaître, les circonscrire, les marquer de la fleur de lis et les humaniser.

Le pays se dessine. Rien n’arrête les coureurs de bois, les nobles conquérants, les évangélisateurs. Leur courage, leur héroïque curiosité, leur souci des âmes, les emportent aux quatre coins du continent. Le drapeau fleurdelisé flotte partout à la fois. Les découvreurs suivent les voies naturelles ; ils animent les rivières de la parole humaine. Au nord, au sud, au centre, à l’ouest, ils surgissent. dépassent les Anglo-Saxons accrochés à l’Atlantique ; ils touchent à la Baie d’Hudson, atteignent les bouches du Mississipi, s’arrêtent au pied des Rocheuses. Une large part de l’Amérique reçoit le baptême français.

Notre missionnaire, que tu vénères et devant qui s’incline la pensée protestante elle-même, porte deux paroles : celle de la foi, celle de la civilisation. Rien qui ne fortifie son courage, ne grandisse son effort. Il franchit des lieues sans craindre la brutalité des passages ; il sillonne les rivières et les lacs en canot d’écorce dont il se fait une carapace ; il se recueille dans le silence de la forêt vierge où