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SOUVENIRS

pital investi et travailleur qualifié. Nous sommes en plein laboratoire. Nous traduisons week-end. nous francisons peppermint, nous inventons tournoi de ballon, nous faisons dévier réaliser. Tout cela est troublant, mais utile. Peut-être un jour, ainsi que le désirait Rémy de Gourmont, l’accord se fera en Romanie vers la défense de toute la langue française.

Enfin, sachons la valeur des choses qui nous sont propres. Le savant, le littérateur, l’homme de profession, intéresseront par leurs expériences canadiennes. Nous tenons là une promesse d originalité. La médecine et l’art français au Canada, la géologie et la géographie canadiennes, l’expression littéraire d’inspiration canadienne, l’évolution de notre politique, l’orientation de notre législation, les particularités de notre histoire, nos attitudes dans le domaine économique, nos réactions devant l’américanisme : mille sujets qui nous vaudront une personnalité à la condition de travailler. Reprenons les œuvres que des étrangers ont menées avec succès, nous rappelant que Maria Chapdelaine, quoi qu’on en dise encore : La Colonisation de la Nouvelle-France ; Le Canada, les Deux Races ; Les Origines religieuses du Canada ; La Colombie britannique ; Le Bouclier canadien-français, feraient bien dans une bibliothèque d’auteurs canadiens. Au surplus, nous répandrons ainsi la vérité sur notre pays.

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Plus curieux que je n’aurais cru, ce départ. Déchirement, parmi un reste d’indifférence. Je me raisonne : Paris, au cadre charmant, n’est plus le même. Internationalisé, américanisé, il révèle à celui qui ne fait que passer un visage qui n’est plus