Page:Montpetit - Souvenirs tome III, 1955.djvu/166

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
SOUVENIRS

Au delà de Winnipeg, réapparaît le Plateau, de granit rouge : plus loin encore, Kenora et le Lac des Bois et des îles en nombre. Aspect connu qui évoque notre Nord à nous, semé de lacs et meublé de bungalows. À Keewatin, une meunerie reçoit le blé et le réduit en poudre fine : peu d’hommes s’employent à cette tâche qui s’accomplit dans une impeccable tenue.

***

De Fort William, un élégant navire de la flotte intérieure du Pacifique Canadien, l’Assiniboia, nous emporte sur les eaux du Lac Supérieur que le soleil inonde. Quelle exquise promenade et quelle détente ! Une croisière en eau douce. En fait, on évoque malgré soi la mer devant l’horizon qui, l’impressionnante frange du Plateau dépassée, est infini.

Au Sault Sainte-Marie, je m’éveille à temps pour apercevoir le rapide et l’écluse qui contourne b obstacle. Des navires de type familier, les whalebacks vont et viennent dans l’étroit passage. Des souvenirs historiques enveloppent cette route de l’Évangile, aujourd’hui route du blé, à travers le pays conquis à la foi. Devant l’église du Sacré-Cœur, fort jolie, de notre style, mais aux proportions accentuées, une croix très simple rappelle the heroic work of the Missionaries.

Notre navire s’engage sur le Lac Huron et la Baie Géorgienne jusqu’à Port McNicoll, où nous retrouvons le train qui nous conduit à Toronto. Le pays est vallonné, fortement meublé de bolders. Je retrouve la colonisation anglaise : campagne libre et large, routes vides, maisons disséminées dans les terres, centres groupés autour d’un clocher ou d un hôtel de ville, granges ventrues, munies de silos,