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SOUVENIRS

lement sans fin jusqu’à Edmonton. Nous parcourons la ville d’un trait quand il faudrait la regarder longtemps pour la connaître, encore plus pour l’apprécier. Et comment fixer sur elle notre attention par cette déconcertante chaleur ?

Ville champignon arrêtée dans son élan par une crise immobilière, Edmonton a vu grand dès son début, mise en confiance par ses rapides progrès. Cela se voit aux espaces inoccupés, aux rues larges, aux pavages parfois inachevés. Il y a place pour les foules à venir.

Ainsi faite, Edmonton garde une physionomie jeune et vigoureuse. Le cœur de la ville est de type américain avec sa Main Street que bordent de hautes maisons commerciales mais que prolongent des banlieues fleuries. Des hauteurs qui surplombent la rivière, on distingue la coupole du Parlement, l’Université et des institutions — hôpitaux, écoles — où se poursuit comme ailleurs, le community work, avec le concours des nôtres.

Ceux-ci sont accourus, nombreux, assister à la clôture du Congrès de l’Association canadienne-française de l’Alberta qui a lieu au Memorial Hall. Il fait bon causer avec eux, se renseigner dans l’intimité de cette brève rencontre sur leurs combats, leurs succès, leurs inquiétudes : mais, comme dans toutes ces circonstances, cela finit par des discours. Que leur dire, sinon les complimenter sur leurs attitudes et confondre nos fidélités au même idéal et à la même volonté de survie ? En quoi nous servons notre pays par l’apport d’une civilisation qui le distingue et le préserve des envahissements d’un américanisme niveleur et le retient sous le souffle méditerranéen que l’Empire même a connu.

Nous réclamons donc avec raison l’usage de notre langue et le respect de nos traditions, lourdes