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SOUVENIRS

est, me dit-on, l’ensemble le plus important. Je distingue la série complète de la bonne vieille Revue des Deux Mondes. Et je me rappelle qu’à la bibliothèque de l’Université de San Francisco, la France occupe aussi une place enviable. Décidément, ces institutions de la côte du Pacifique nous sont propices. En tout cas, elles ne sont pas rebelles, encore moins fermées, à l’influence française. Elles la recherchent au contraire et la prisent comme un précieux élément de civilisation. D’accord avec le président Klinck, on a rayé des programmes l’espagnol et diminué l’allemand pour accentuer la poussée vers le français : cela au Canada, c’est-à-dire en Amérique, où l’espagnol et l’allemand sont considérés comme des instruments de conquête.

Les Kiwanis nous prient à déjeuner. C’est la première fois que j’assiste à une réunion de cette société où, après un son de cloche et la présentation des invités, on se berce de chansons — anglaises et, pour la circonstance sans doute, françaises — dans une atmosphère de camaraderie et d élan vers le community work. Cela fait américain et demeure, somme toute, sympathique et bon enfant.

***

C’est maintenant le retour vers l’Est.

Nous remontons la vallée du Fraser, riante, malgré quelques arbres calcinés. La rivière est grise et bordée d’alluvions qui épaulent la forêt.

Au delà, de hautes montagnes irradient leurs reflets. La rivière se resserre. Elle rugit et bondit au fond de la vallée, refluant vers ses bords de larges dépôts qu’elle couvrira demain. Un pont qui semble un jouet relie les deux rives. Et toujours, en étages, les routes, les maisons, les travaux d’art,