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SOUVENIRS

cions ces compatriotes lointains. Des orateurs haranguent la foule empressée et soudain muette. Ils appuient leurs mains sur le bastingage du pont supérieur et ont l’impression de sentir le bois d’une chaire d’où ils prêcheraient l’amitié.

Depuis Nelson, notre train monte et franchit les Cascades vers la chaîne côtière. L’ascension se poursuit au flanc des monts, puis à l’égalité des cimes plus lointaines. La première course est douce le long de pans couverts d arbres. Le Lac à l’Arc, très vert, marque la vallée. Nous l’apercevons des hauteurs, lancés que nous sommes sur des viaducs accrochés aux rochers, raidis sur l’abîme. La dernière course nous jette dans une trouée abrupte, aux flancs droits, de granit. Une totale sauvagerie.

En cours de route, nous nous arrêtons près de Pendicton South, à la croisée de vallées profondes, parmi des cerisiers en fruits, sous une ardente lumière. Le cri des oiseaux vibre dans le silence. C’est dimanche. L’Hostie s’élève comme d’un vaste calice. Puis, le chant du voyageur dans cet amphithéâtre aux courbes douces qui reçoit le Dieu des éternelles paix.

***

Depuis que je l’ai vue, il y a presque dix ans, la ville de Vancouver s’est affermie. Elle a pris de l’ampleur. Elle est même en train de devenir jolie, corrigeant cette impression de déballage autour d’une gare que les villes de l’Ouest, hâtivement poussées, laissent au passant. Elle se prolonge sous les fleurs dans de riantes banlieues.

On nous offre, comme à Montréal on en a coutume, une visite du port et une promenade dans le passage qui le prolonge au nord. J’aimerais