Page:Montpetit - Souvenirs tome III, 1955.djvu/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
148
SOUVENIRS

Gravelbourg auquel il tient tant : en tout, tenir une attitude de dignité, de fermeté, de pondération aussi. Il a conquis l’estime de tous, même de ses adversaires. Par lui, les Canadiens français, répandus un peu partout, connaissent plus de liberté, caressent plus d’espoir. Il ne craint pas d’inviter ses compatriotes du Québec à venir s’installer dans l’Ouest.

Nous nous acheminons vers la maison qu’il a utilisée le mieux possible. Je jette un regard rapide sur les pièces du haut, son refuge : deux vues de Québec ( toujours !), et la photographie de son père et de sa mère, une chaise qui aurait appartenu à Monseigneur de Laval, et ses armes où resplendissent des fleurs de lis, une colombe porteuse de l’olivier et la Vierge Immaculée. Elles parlent ainsi : Pacem Domino largiente ; au Seigneur nous distribuant la paix. Puisse le Seigneur Dieu l’entendre !

***

Calgary apparaît pleine de vigueur et de promesses, et d’espace, sous la lointaine et blanche couronne des Rocheuses. On y logerait une population de trois millions. Pour le moment, elle s’éparpille, inachevée, édentée comme une ville américaine, criblée d’ampoules multicolores, largement étendue entre des collines aux flancs éraflés comme la peau d’un buffle, de ces fortes collines de terre, d’où s’élèvent les orages de poussière.

Sur les hauteurs se dressent des résidences, au gré des architectes et du progrès : on sent la poussée de ces constructions qui prennent, à la périphérie, la forme de bungalows du type californien. Au centre de la cité, pêle-mêle, quelques gratte-ciel, des toits enveloppant de sombres maisons de