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VERS L’OUEST

famille où se garent la langue et les traditions. Ah ! les braves gens, confiants, ardents, heureux de cette communion rapide dans le message de la vieille province vers laquelle si souvent se tourne le regard intérieur.

C’est déjà le soir. Au delà de la rivière. Winnipeg profile son hôtel Garry qui domine comme un beffroi, la coupole illuminée du Parlement, la gare du Canadien National, et la cheminée de l’Ogilvie Flour Mills dressée sur des lignes basses et découpées.

Ces deux villes, que nous quittons à regret, nous laissent la vision très nette des forces où s’enchaîne la destinée de notre pays.

***

En pleine Prairie, Regina, allègre et colorée, aligne des maisons claires et discrètes. Elle est riche, et d’une jeunesse audacieuse. Nous avons peu de temps à lui consacrer. On nous conduit au Palais législatif dont la coupole abrite les symboles impériaux et des meubles dont la simplicité fait ressortir le bois splendide du fauteuil présidentiel ; et à l’hôpital du Sacré-Cœur, tenu par les Sœurs Grises : un modèle et une leçon.

Il est, dit Barrès, des lieux qui sont des lieux de pèlerinage ; il est aussi des hommes qui aimantent le respect et l’admiration. Monseigneur Mathieu est de ceux-là. Nous lui rendons visite, à l’hôpital, où le retiennent quelques jours de repos. Il nous sourit, de son lit blanc : des yeux de primitif, dans un visage rose et plein. Il évoque Québec, où il a laissé la moitié de son cœur, peut-être la plus heureuse, non la plus intense. À Regina, il a dû lutter ; appliquer une constante activité à la conduite d’un diocèse étendu ; porter le Collège de