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VERS L’OUEST

utiliser au retour. Je les retrouve intactes après des années. Intactes ? Desséchées plutôt, comme une touffe de fleurs sauvages. Arriverai-je à les faire revivre ? « J’ai trop tardé, écrit le Bartlett des Hommes de bonne volonté à son arrivée à Paris. Je me demande si j’ai encore mes impressions du début. Ou, plutôt, il est évident que je ne les ai plus. Mais la question est de savoir si je puis encore les reconstituer… Ce qui risque le plus de se perdre, c’est la nuance même de l’impression, et des premiers jugements. »

Du premier voyage, il ne reste que des images qui ne sont pas mortes en entier, qui me serviront à faire survivre les autres, celles du second voyage, celles que j’ai fixées.

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Il était de commande. Une croisière sur terre, un des Voyages de l’Université de Montréal organisés par le Chemin de fer du Pacifique Canadien. C’était en 1927, l’année où l’on célébrait le soixantième anniversaire de la Confédération. L’Université, la Confédération et le Gouvernement de notre province étaient représentés. Quel loustic parla d’un « cirque à trois pistes » ?

De la Prairie et les Cordillères nous verrons quelque chose, un reflet d’horizon, sur la terre vivante. Nous rencontrerons des hommes. Nous les interrogerons sans les juger, car il est périlleux d’apprécier une vie dont on n’a pas partagé les responsabilités. Il reste les œuvres.

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Les mains se rompent. Le train glisse. La baie encadre un instant l’admirable ensemble des Deux-Montagnes. La capitale, au détour de la voie qui