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VERS L’OUEST


Longtemps j’ai demandé aux livres et aux voyages la connaissance de mon pays. Les voyages sont trop rapides, les livres souvent incomplets ou sans couleur.

L’immensité du Canada fait éclater la formule où l’esprit voudrait l’enfermer. Ceux qui ont le loisir de parcourir cette tranche de continent au détail innombrable n’ont peut-être pas le goût d’en exprimer la beauté. D’autres n’en recueillent qu’un reflet, ou le savoir leur manque qui leur livrerait le secret d’une merveille.

Pour comprendre nos paysages et leur humanisation, il faut y projeter la lumière d’une longue étude qui révélera comment une civilisation ancienne s’est rajeunie au contact de la sauvagerie.

***

J’ai traversé deux fois l’Ouest canadien et je suis allé trois fois jusqu’à Port Arthur. À vrai dire, je n’ai vu qu’une bande étroite du pays : les quelques milles d’horizon que dispense la fenêtre d’un wagon. Je me suis arrêté aux ronds-points du tourisme officiel ; je les ai élargis par des randonnées en automobile, heureux de pénétrer la forêt, de toucher des sommets, pour voir de plus près comment ils sont faits, atteindre ce qui, autrement, me fût demeuré l’inaccessible décor d’un instant.

Par déformation professionnelle, j’ai pris des notes devant la leçon des choses. Je comptais les