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PROFESSEUR EN SORBONNE

Grâce à l’intervention de Madame Strowska, le maréchal Joffre nous accorde quelques minutes d’entretien dans son bureau, au coin du feu. Un peu replié, amaigri, me semble-t-il, il parle bas, le regard voilé de passé. Il se rappelle avec émotion son séjour rapide à Montréal et reste encore étonné de la facilité avec laquelle nos gens passent du français à l’anglais. Puis, il veut bien, avec des mots très simples, nous expliquer le miracle de la Marne.

***

Deux échappées vers la campagne, la vallée de Chevreuse, la cathédrale de Chartres, qui sont dans l’espace et le temps, deux antennes françaises, si différentes qu’elles soient, Pascal et Péguy.

Nous déposons des cartes, envoyons quelques fleurs : autant d adieux. Le départ et ses sourires que l’émotion contraint. La Normandie où nous étions hier. La mer, allégé cette fois de la tâche accomplie. L’entrée au pays « baigné dans une vapeur d’or ».

Comme tout avait commencé, tout finit par un banquet. Au Cercle universitaire, je rends compte de mon mandat, pour emprunter le langage de la politique, sans pruderie ni modestie fausse, puisque le succès de cette périlleuse mission — si elle a eu quelque succès — je sens bien que c’est notre pays et notre peuple qui l’ont remporté.