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SOUVENIRS

à sa fantaisie. Mais je n’avais jamais trouvé dans un ouvrage des idées que l’on me prêtait, jamais avant les Soirées de Saverne, de Jean de Pange.

La dédicace ne pouvait me tromper : À monsieur Montpetit, dans l’espoir qu’il ne désavouera pas les propos du Professeur Le Clerc. — Jean de Pange. Je me rappelai aussitôt l’auteur que j’avais connu à Strasbourg et qui nous avait accueillis à Paris, dans une charmante intimité où planait le souvenir des Broglie. Je me rappelai nos longues conversations autour de la double culture, sujet angoissant pour l’Alsace, le Canada français et tant d’autres pays.

***

Dès le début de notre séjour, l’Université nous avait entourés de prévenances : le recteur Appell, le doyen Brunot, des associations de professeurs nous reçoivent. Des groupements désirent entendre parler du Canada. Cela me conduit tour à tour à l’Hôtel des Sociétés savantes : au Quai d’Orsay, où sont réunis les anciens de l’École des sciences politiques : au Lutetia, chez nos étudiants canadiens ; auprès des Publicistes chrétiens : à France-Amérique, sous la conduite entraînante de mon camarade Gabriel-Louis Jaray.

Partout, j’ai la joie de retrouver d’anciens professeurs, d’anciens élèves et même, parmi ces derniers, d’en écouter un — à mon tour ! — Jean Bruchési, promis déjà au succès et qui viendra, plus tard, accomplir la même mission.

Des figures surgissent de ces rencontres : profils de guerre ou de paix ; et les traits savoureux de très vieilles amitiés. Pourquoi la crainte d’un oubli, toujours possible, je le sais d’expérience, me contraint-elle à ne pas mentionner de noms ?