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PROFESSEUR EN SORBONNE

que rien n’apaisait, sur la rage de l’élément féroce, le drapeau français battait au vent.

« Dans le firmament ébloui, où fuyaient de petites étoiles, dans les cris d angoisse et les appels rauques, en pleine catastrophe, seul dans le danger, chiffon tricolore intrépide, le drapeau français battait au vent.

« Aujourd’hui, il n’y a plus rien que des ruines où se posent les oiseaux. Dans les clochetons, les cloches sont mortes. Des fragments de structure déformée dessinent leurs silhouettes désolantes. Un pilier solitaire se dresse, intact, au milieu de l’enceinte. Où était le dôme s’arrondit la coupole des deux. Le silence habite le temple où les orgues nouvelles avaient hier chanté…

« Mais comme une espérance dominant la tristesse, seul entre les clochetons latéraux, joyeux dans la brise qui le rend sonore, sans une brûlure à ses plis triomphants, le drapeau français flotte encore. »

L’auditoire, debout, acclamait notre résistance et celle de la France qui est en nous. Dalbis avait raison.

***

Le cours était fini, mais pas tout à fait ma tâche. J’avais proposé une séance de projections. Sept jours après la dernière leçon, je revenais à la Sorbonne allumer la lanterne. Public toujours empressé qui désirait voir quelques aspects de ce pays dont je l’avais entretenu pendant dix longues heures. Cette fois, je me sentais le cœur plus léger. Le Canada allait parler pour moi et je n’avais qu’à l’aviver de quelques mots sur l’écran docile. Tout au plus pouvais-je craindre la futilité de mes commentaires : montrer des montagnes, des forêts, des