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SOUVENIRS

fants de toujours ». C’est cela que l’auditoire accueillait comme une réconfortante vision ainsi qu’allait le montrer la dernière leçon.

Elle portait pourtant un titre anodin : « Le Canada dans l’Empire et le monde », un titre qui ne se prêtait guère à l’éloquence et qui m’imposait la plus vigilante objectivité. Elle s’achevait sur un dessin discret de l’harmonie constructive, de l’action conjointe de notre pays bilingue et des nations du Commonwealth. Mais il convenait de remercier l’auditoire, de saluer la Sorbonne qui avait si largement ouvert ses portes au Canada et d’exprimer à la France notre inaltérable foi dans ses destinées.

Ce dernier soin, je le confiais à mon ami, le poète Albert Lozeau, après avoir dit la pénible réclusion de l’auteur de L’âme solitaire, cloué chez lui, une fenêtre pour tout horizon. De là, il aperçut un jour son église paroissiale en feu :

« Je sais un drapeau français qui s’est bien conduit.

« Je le porte à l’ordre du jour.

« Hissé depuis la Saint-Jean-Baptiste sur le fronton de mon église paroissiale, il a bravé sans brûlure les flammes d’un monstrueux incendie…

« La foudre a fait cela. Un éclair rapide avait touché le toit et l’église s’anéantissait. Entre deux clochetons latéraux, frôlé par la poussière ardente, au-dessus de la fournaise dont la chaleur empourprait au loin les visages, le drapeau français battait au vent.

« De l’énorme cuve en ébullition montaient des vagues écarlates et jaunes, et des lances de flammes aiguës. Le drapeau français battait au vent.

« Sur la frénésie du feu, sur le sinistre incendie