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PROFESSEUR EN SORBONNE

J’y arrivais vers seize heures trente. Je prenais un instant de repos dans une antichambre et, à l’heure fixée, je pénétrais dans l’amphithéâtre, précédé de l’huissier.

Durant les leçons, un bruit tout à fait banal risquait chaque fois de troubler ma sérénité apparente, durement acquise. Des amis bien intentionnés avaient placé près de la tribune une sténographe munie d’un appareil dit silencieux, dont le déclic m’arrivait comme un écho qui m’ennuyait prodigieusement, au moins pendant les premières minutes car, dans la suite, je m’y faisais au point de l’oublier.

L’expérience fut déplorable. Était-ce mon accent — car il est entendu que, quoi que nous fassions, on nous prête un accent que l’on déclare d’ailleurs délicieux ? Était-ce la rapidité nerveuse de mon débit, qui n’aurait tout de même pas dû troubler quelqu’un qui fait métier d’attraper la parole au vol ? Je ne sais. Toujours est-il que la machine affairée à la poursuite de mon verbe me renvoya un texte écourté, insipide et incolore que j’ai gardé dans l’inutile espoir de le reconstituer. J’eusse aimé — comme d’autres ont admirablement fait — rapporter de mon séjour en Sorbonne autre chose qu’un titre aussitôt évanoui.

***

Le quatrième cours donné, je dispose de trois semaines de congé : vacances de Pâques.

Je fais un saut jusqu’à Bruxelles où les Amis de la langue française m’ont invité à prononcer une conférence sur le Canada que j’ai intitulée « Au pays de Maria Chapdelaine ». Elle a lieu au Trocadéro, devant un vaste auditoire. Je n’ai pas de texte passe-partout, mais j’ai prévu ces sortes