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PROFESSEUR EN SORBONNE

5 mai : L’adaptation du groupe franco-canadien.

12 mai : Traditions et forces intellectuelles.

19 mai : La nation canadienne.

26 mai : Le Canada dans l’Empire britannique et le monde.

***

Le dix mars était donc le jour fatidique. J’arrivai à la Sorbonne avant l’heure. Le recteur, M. Paul Appell, et le doyen de la Faculté des lettres, M. Ferdinand Brunot, nous accueillent, ma femme et moi. Nous serrons des mains, parmi l’anonyme murmure qui précède la séance.

À cause de l’affluence que le sujet avait attirée — car on pense bien que, inconnu, je n’y étais pour rien — je dus changer d’amphithéâtre dès la première leçon. J’en fus moitié ravi, moitié contrarié. Personne ne savait mieux que moi combien la fonction que j’assumais était ambitieuse : et voilà que le public, en s’empressant ainsi, m’offrait, avant que j’eusse ouvert la bouche, la cordialité de son attente.

Ce fut pis lorsque j’appris, avec quelle stupeur, en pénétrant dans le grand amphithéâtre, à la suite d’un huissier tout de noir vêtu, que la carte du Canada, dont je comptais me servir comme d’un appui familier et me faire une contenance, était restée accrochée dans la salle abandonnée. Impossible de demander qu’on voulût bien la déplacer : l’auditoire avait pris place, les discours allaient commencer.

Je sentis un grand vide, tous les vides, et j’eus l’impression très vive d’être puni de ma témérité. Je n’oublierai jamais cette minute d’angoisse. Je dus évoquer par l’imagination notre pays et, avec