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SOUVENIRS

prendre ne doivent pas oublier tout ce que cela représente pour nous.

Notre terre, si elle fut parcourue en tout sens, fut aussi labourée. Écartant les marchands, préoccupés de leurs seuls intérêts et même certains grands seigneurs qui recherchaient plutôt les bénéfices de la traite que les bienfaits de la colonisation, je dégagerai à côté du missionnaire, la figure de l’ancêtre, qui a « pris parti », qui a fondé sur la côte de Beauport et dans l’Île d Orléans les premiers foyers canadiens et donné sa physionomie à notre pays.

Voilà celui qu’il faut suivre dans sa vie, parmi les difficultés qui surgissent de l’environnement ou que d’innombrables ennemis multiplient. Il a tenu et son exemple nous a donné la force de lui demeurer fidèle. C’est lui encore qui restera, en 1763, après avoir défendu par les armes la patrie qu’il s’était faite et qu’il avait élue pour toujours.

Et ce fut « le siècle admirable », comme l’appelle Étienne Lamy. Retiré dans ses foyers, l’homme attendit des jours meilleurs au sein d’un régime nouveau qui le menaçait de toute part. C’est le moment où deux groupes ethniques s’affrontent dangereusement. Les Loyalistes, évadés de la Révolution américaine, ajoutent un élément puissant à notre histoire. Forts de traditions, utilisant les leçons politiques que dégagent nos constitutions successives de source britannique, nous avons affermi les droits qu’on nous concédait. L’aube du XXe siècle nous livrait une promesse inespérée. Pour en tirer profit, il nous fallait des hommes. Le flot d’immigration qui avait déferlé jusque-là sur les États-Unis déborde vers nos terres.

Nous touchons aux temps nouveaux. Les