Page:Montpetit - Souvenirs tome III, 1955.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113
PROFESSEUR EN SORBONNE

aimée et défendue, et qui demeure la première leçon.

Nos pères déjà l’observaient, notre pays ressemble à la France. Le Plateau laurentien rappelle le Massif central : nous avons d’aussi vieilles montagnes que les Pyrénées et nos Rocheuses s’élèvent aussi neuves, aussi rudes que les Alpes : nos vallées, comme celles de France, abritent un peuple paysan. Mais tout cela, chez nous, est immense et c est un des caractères du Canada.

Cette immensité, d’autre part, est à peine habitée quand la France est « vieillement humanisée », selon le mot de Jean Brunhes. On se rend compte de ce travail des siècles en la parcourant depuis l’Atlantique jusqu’à Paris ou en longeant les bords de ses rivières où l’homme a cultivé la terre avec affection.

Au Canada, tout est neuf. Il arrive que le détail choque mais ce sont les horizons qui comptent : là est la beauté réelle de la terre où vit notre peuple. Cette beauté, les saisons la font varier délicieusement : l’automne vibre de mille teintes, l’hiver que des poètes comme Porché ou Louis Hémon semblent redouter, nous apporte sous le soleil un des plus ravissants spectacles qui soient.

Nous avons découvert et nous avons été les premiers à habiter cette terre. Les Français, après une tentative du côté de l’Acadie, ont pénétré la vallée laurentienne pour descendre ensuite avec LaSalle le long du Mississipi, encercler ceux qui avaient choisi de s’établir le long du littoral et fonder un empire qui s’étendrait plus tard jusqu’aux Rocheuses. Ces découvertes constituent un de nos titres de noblesse. Nous y rattachons le droit du premier occupant. Et ceux qui veulent nous com-