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ACADÉMICIEN

Nous dînons sur un « bras mort » de la Seine où de larges saules s’assouplissent en se penchant. Des péniches de chez nous sillonnent lentement les boucles du fleuve : l’une s’appelle La Fontaine ; l’autre, Corneille. À l’arrière-plan, dorée de soleil, la cathédrale de Mantes. Jaray a commandé le temps, les poissons qui sautent, le sous-bois illuminé par une fête normande, le cor au fond de la forêt, la paix du soir.

Il faut revenir. Le yacht file, sous une ligne de peupliers sombres et dignes, vers Paris.

***

Toujours en compagnie de Jaray et de Naggiar, nous partons en auto pour un plus long voyage : vers Reims dévastée.

Dès la sortie de Paris le spectre de la guerre nous saisit. À Chantilly, le château est toujours aussi séduisant, et la forêt aussi belle ; mais, tout près, voici l’endroit où les Allemands se sont arrêtés. À Compiègne, après une promenade à travers de splendides sous-bois, nous descendons dans un hôtel charmant, tout à fait confortable. Le maire, M. Fournier-Sarlovèze, qui est venu au Canada avec la Mission Fayolle, a fait fleurir notre chambre. Le lendemain, nous nous attardons devant le monument élevé en pleine forêt à l’endroit même où fut signé l’armistice. En pierre rouge sombre de Saverne, il orne un rond-point vers lequel convergent de larges allées :


11 novembre 1918
1914-1918
Aux héroïques soldats de France,
défenseurs de la Patrie et du Droit,
glorieux libérateurs de l’Alsace
et de la Lorraine.