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SOUVENIRS

vres et le délicieux Corbin et d’Aubecourt, les Pensées, substance de l’œuvre de l’illustre écrivain, et quelques pages des Mélanges où j’avais essayé d’apprécier sa manière. Je savais l’influence qu’il avait exercée et la place qu’il occupe parmi les prosateurs du xixe siècle. Je savais aussi ses luttes, et pourtant je ne le connaissais pas vraiment parce que j’ignorais sa vie. C’est le sort des moralistes d’être méconnus. Il m’apparaissait surtout comme un soldat de la foi, lutteur infatigable et irréductible adversaire. Il a d’autres titres à notre admiration et à notre sympathie. La vie ne l’a pas épargné. Il cachait sous sa cuirasse, dont le monde n’a connu que les reflets, le pauvre cœur d’un homme. On l’aimera peut-être mieux ainsi.

Je rattachais Veuillot à ses origines modestes. Je racontais son enfance, têtue et studieuse : sa conversion sur le chemin de Rome : sa vie de journaliste : ses tourments d’artiste : sa bonté et sa générosité. Je disais les trésors débordants de joie et d’intimité de sa Correspondance.

Je terminais ma conférence, que j’eusse voulue brillante, par le récit de la visite que