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ne, avec quelle sollicitude la muse dit au poète : le potard est en face. »

En 1910, durant la dernière année de mon séjour en France, j’exerçais les fonctions de secrétaire auprès de notre attaché commercial. Je m’initiais aux à-côtés de la carrière diplomatique, objet de mes illusions et je poursuivais des enquêtes auprès des exportateurs français sur les chances que leur réservait notre marché. Le bureau de l’attaché, installé dans un vaste appartement de la rue Réaumur, m’offrait aussi le spectacle d’un quartier affairé où, deux fois le jour, déferlait le monde de la Bourse et de la confection.

Un matin, après le dépouillement du courrier, mon patron qui se préoccupait pour des fins de comparaison d’établir l’incidence de l’impôt spécifique en France, me confia de relever auprès de gros marchands de grains les prix moyens au cours de l’année précédente des légumes secs et des pois concassés. Je fis sans succès quelques tentatives : mes questions pourtant discrètes semblaient soulever de l’humeur. Je revins bredouille. Mon patron bondit : cela ne valait pas la peine d’avoir décroché un diplôme des Sciences politiques