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Comment l’art se répandra-t-il parmi nous ? Les artistes continueront d’être et de produire, obstinément. Ils deviendront des « autorités » ; ils deviendront des arguments. Julien Couture, Bourassa, Hébert, pour ne rappeler que les morts, prennent dans notre histoire une première place. Ils demeurent, car l’art immortalise. Ils sont, pour nous, un témoignage.

Ils ont donné un exemple, que plusieurs des nôtres suivent déjà ; et l’avenir reconnaîtra leur désintéressement. Avec eux, nous accepterons l’art, surtout si l’on sait nous dévoiler ses origines et ses caractères, nous indiquer son rôle et sa mission. C’est la tâche de l’école. Ce sera long, très long. Combien de temps faut-il pour apprendre à savourer un beau vers ; et combien de temps pour négliger les fadaises ? Le goût se forme avec lenteur par la pratique quotidienne du beau.

Je revenais à la conférence. Sous le titre Des Musardises à l’Académie, je conduisais cette fois Rostand jusque sous la Coupole, promenant ici et là — de Montréal à Québec, d’Arthabaska à Saint-Jean — une sorte de