Page:Montpetit - Souvenirs tome II, 1949.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son champ, son foyer, sa chapelle : encore redoute-t-il que la main du vainqueur ne lui ravisse ces derniers biens. Ce sont les seuls retranchements où se blottir, lui et les siens, pour commencer le long travail d’obstination qu’il prévoit. Quelle énergie, quelle fidélité à ses origines il lui faut pour ne pas se laisser ensevelir sous tant de ruines ! Il fut le plus grand des Canadiens car, la première douleur subie, il comprit la force du souvenir. Il lui restait la vie : et, dans la terre où dormaient ses morts, il jeta à pleines mains, d’un geste décidé, la moisson d’une France nouvelle. »

Je terminais par ces mots : « Vous partez. Vous avez été reçus chez nos voisins avec un incomparable éclat : nous n’avons eu à vous offrir que le simple accueil de notre sincérité. Mais vous voudrez conserver quand même l’image de notre pays. Deux de vos auteurs dramatiques ont écrit cette phrase charmante qui résume les deux visions que vous emporterez d’Amérique : « Un bouquet, c’est un cadeau : une fleur, c’est un souvenir ».

Était-ce ma jeunesse, le péril qu’elle venait de courir ou l’élocution — relent de mes jours de théâtre — qui avait réchauffé le texte :