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SOUVENIRS

chit des réflexions que lui suggère l’expérience.

À parler ainsi de jour et de soir, et sur tant de sujets, je me rompais au jeu de l’improvisation, auquel beaucoup de gens ne croient pas, qui existe pourtant et qui est précieux. On ne l’acquiert pas tout de suite, évidemment.

On commence — du moins ce fut mon cas — par lire un papier soigneusement écrit, que l’on sent sous ses doigts, et qui assure la paix de l’esprit sauf les tremblements du début. Puis, par lassitude ou faute de loisir, on rédige certaines parties à grands traits, à paragraphes rompus, glissant des notes d’appui ici et là. On parle sur ces notes, jusqu’à ce qu’on se contente d’un plan avec des références ou des citations. À la longue, on range le plan dans sa tête. Le tour est joué. Il reste dangereux, pour un temps. Les blancs sont à redouter. Tout s’aplanit enfin. C’est une joie de s’être assuré un instrument flexible et si utile pour qui s’engage dans les voies variées de la parole publique.