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SOUVENIRS

dont je redoutais l’aridité. Quant à la statistique, je l’abordai seulement, juste assez pour me rendre compte de ses dangers.

La politique commerciale était un des cours qui me retenaient le plus. Difficile à bâtir, je le remaniais chaque année. Il comportait une étude sur la politique coloniale de l’Angleterre sous l’empire des lois de navigation et des lois-céréales ; et, à partir de 1846, sur l’établissement et l’évolution de notre régime, orienté, dès le début, vers la liberté. Et c’était un cours de politique, sujet dangereux sous les calmes abris d’une université. Des noms le traversaient — MacDonald, Laurier, d’autres plus proches de nous. Les élèves avaient leurs convictions, qu’il fallait respecter, et dont je sentais parfois que l’atmosphère était chargée. J’avançais comme un chat sur une clôture. Jamais je ne me suis autant évertué à l’objectivité. Peut-être y ai-je contracté une pondération qui modela mes opinions.

J’eusse aimé écrire mon cours, intéressant par les événements et les idées qui s’y jouaient : et j’envie mon collègue Jean-Marie Nadeau d’avoir publié un ouvrage qui dépasse de beaucoup mes tentatives d’autrefois.