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LA PORTE D’OR

La célébration de ce cinquantenaire, plus qu’une manifestation intellectuelle, fut la révélation d’un progrès sans cesse poursuivi dans cette région éloignée du Far West qui ne s’est pas débarrassée de toutes ses légendes et où la quête de l’or, sous la forme la plus brutale, a longtemps dominé.

La civilisation, qui se déplace depuis les origines vers le nord et vers l’ouest, atteint ici son point d’arrêt. Elle y fut d’abord hâtive et bruyante. Lorsque je visitai les villes qui bordent le Pacifique : Los Angeles, San Francisco, Portland, Seattle, elles présentaient encore ces caractères qui n’ont pas tout à fait disparu et que l’on retrouve dans des cités plus anciennes et mieux assises comme Chicago et New-York, où tant de gens mastiquent avec l’entrain que d’autres mettent à tricoter, où des artistes soi-disant lyriques trouvent le moyen de faire applaudir Il Trovatore joué sur un rythme de rag time. Il n’empêche que, jeune encore, et presque enfant par certains côtés, cette civilisation s’est assagie, épurée. L’Université de Californie élevée près des montagnes où les aventuriers accouraient, au milieu du siècle dernier, s’épa-